La Matinale de l'Ordre

Rencontre de l'Ordre #18 : Movember : comment prévenir, traiter et accompagner les cancers masculins ?

Publié le 6 décembre 2021
Mis à jour le 24 mars 2023

 visuel annonce Rencontre de l'Ordre - Movember

« Comment prévenir, traiter et accompagner les cancers masculins ? »

 

 

Ce vendredi 26 novembre, après une matinale consacrée à Octobre rose, l’Ordre National des infirmiers a diffusé une 18ème édition de ces rencontres, consacrée au thème : « Movember : comment prévenir, traiter et accompagner les cancers masculins ? ». M. Stéphane Beaumont, ambassadeur France du mouvement Movember, le Dr Emeline Colomba-Blameble, oncologue médical à l’Institut Gustave Roussy, Isabelle Fromantin, infirmière chercheuse à l’Institut Curie, Elodie Labedade, infirmière stomathérapeute à l’Institut Curie et Patrick Chamboredon, Président de l’Ordre National des infirmiers, ont participé au débat. Synthèse des échanges.

 

Les cancers masculins, un thème encore largement tabou

 

« Les hommes se soignent moins, car c’est un sujet tabou », pointe d’entrée Patrick Chamboredon. Le Président de l’Ordre National des infirmiers estime que « ce silence sur les cancers masculins doit être levé » et qu’il faut désormais passer à une logique de prévention, puisque les infirmiers ont un rôle-clé à jouer dans la prise en charge et l’accompagnement des patients dans leur parcours de soins, pendant et après le traitement ou l’opération, notamment pour améliorer la qualité de vie du patient. Dans la même lignée, Isabelle Fromantin considère que  « c’est dommage qu’il y ait encore des tabous et des difficultés à en parler (…) Un homme reste avec cette pudeur et ses difficultés et parfois avec un manque de soin ».

 

Pris à temps, des cancers dont on guérit très bien

 

Le Dr Emeline Colomba-Blameble est revenue sur les spécificités du cancer testiculaire et du cancer de la prostate. Selon l’oncologue médical, « le cancer de la prostate est l’un des plus fréquents puisqu’il représente près de 50 000 cas sur 350 000 cas de cancers diagnostiqués chaque année en France. La particularité, c’est que le dépistage repose essentiellement sur un dépistage individualisé, en fonction des antécédents. Néanmoins, un examen régulier est recommandé dès l’âge de 50 ans ». En ce qui concerne les traitements, il en existe qui sont « très efficaces contre cette maladie que ce soit au stade localisé ou avancé, du fait de l’amélioration des techniques de chirurgie, de radiothérapie et des nouvelles thérapies ». Concernant le cancer des testicules, « il s’agit d’une maladie qui touche les plus jeunes et qui est beaucoup plus rare ».

En effet, « c’est à peu près 2000 cas par an en France » et « il s’agit d’une maladie dont on guérit très bien, même à un stade avancé ». Cependant, la rareté de la maladie ne doit pas empêcher la prévention et la sensibilisation : le Dr Colomba-Blameble encourage à « l’autopalpation des testicules » et à évoquer ce sujet avec son médecin généraliste. Pour les traitements, « ça reste des cocktails de polychimiothérapies qui permettent de guérir les malades » et « ce sont des maladies qu’on guérit tellement bien, qu’aujourd’hui on va jusqu’à alléger les traitements de chimiothérapie ».

 

Une priorité : libérer la parole

 

Outre la sensibilisation aux cancers masculins, la prise en charge passe avant tout par l’écoute et l’accompagnement des patients, afin de désacraliser ces maladies et libérer la parole.

Des initiatives associatives existent, telles que le mouvement Movember, dont l’action la plus emblématique consiste à encourager les hommes à se laisser pousser la moustache pendant un mois, pour « changer le visage de la santé masculine ». L’association Cerhom (association de patients atteints ou ayant été atteints d’un cancer masculin) œuvre aussi, en France, pour le développement de l’information, de l’écoute et de la prévention sur les cancers masculins.

Stéphane Beaumont, ambassadeur France du mouvement Movember, rappelle les outils existants pour aider les patients : « Le fait de ne pas retenir la parole est primordial. Il y a des outils, les Movember conversations, qui aident à cette prise de parole ». Parallèlement à son engagement au sein de Movember, Stéphane Beaumont est également membre de l’association Cerhom, et considère qu’il faut pallier un réel manque d’information : « Avec Cerhom, nous avons des lignes d’écoute pour que les patients puissent briser ces tabous. (…) Des hommes jeunes, comme ça a été mon cas, n’ont aucune information ». Par ailleurs, Stéphane Beaumont revient sur les actions mises en place par l’association Cerhom, pour mieux accompagner les hommes atteints d’un cancer de la prostate ou d’un cancer testiculaire : « Cerhom se mobilise tout au long de l’année dans les hôpitaux, notamment dans le cadre du cancer de la prostate. Avec l’aide d’autres patients, d’autres médecins, on essaie de dédramatiser, on est là pour sensibiliser ».

 

Les infirmiers, acteurs-clés de la prise en charge

 

Le Dr Emeline Colomba-Blameble rappelle qu’« en oncologie, les patients sont pris dans leur globalité. Les infirmiers sont près des patients pour leur parler, les rassurer ». Isabelle Fromantin considère que le rôle des infirmiers en pratique avancée « c’est d’écouter, d’accompagner et de remonter l’information auprès de l’oncologue ». Par ailleurs, elle rappelle l’importance de la coopération entre médecins et infirmiers : « On a la chance de bien travailler ensemble, infirmiers et médecins. On voit les premières promotions d’IPA (…). Il faut qu’elles prennent leur place. L’enjeu est l’implantation dans les services d’oncologie, auprès des médecins ».

Stéphane Beaumont pointe le rôle essentiel qu’ont les infirmiers auprès des patients : « L’infirmière c’est la personne vers qui on se tourne après l’entretien avec le médecin, pour lui dire : «vous pouvez me réexpliquer ? je n’ai pas tout compris». C’est le premier relais, la première personne vers qui on se tourne (..) Il faut qu’il y ait un rapport humain ».

Pour sa part, Elodie Labedade explique le rôle des infirmières stomathérapeutes dans l’accompagnement des malades : « On intervient à différents moments du parcours. Les patients peuvent être atteints de troubles de l’incontinence ou digestifs par exemple ; on peut apprendre aux patients à manipuler les dispositifs médicaux (..) On les aide dans les soins, on leur enseigne aussi les règles hygiéno-diététiques ».

Patrick Chamboredon conclut que « le ton employé aujourd’hui va permettre de dédramatiser, de libérer la parole, de faire de la prévention. Et des initiatives comme celles de notre consœur permettent la meilleure prise en charge possible ».

 

 

 

Pour aller plus loin

 

Retrouvez les actions de la campagne Movember sur le site officiel : Movember - Home

Ainsi que les actions de l’association Cerhom sur le site : Cerhom - La fin du cancer, le début de l’homme

Numéros des plateformes d’écoute de l’association Cerhom :

  • Test’écoute (cancer des testicules) 0782331572
  • Prost’Ecoute (cancer de la prostate) 0641224151

 

 

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