Diagnostic et prise en charge du Covid long : des ressources pour les professionnels de santé
Une étude de l’APHP publiée le 5 avril dernier apporte un nouvel éclairage sur le Covid long, ses manifestations, l’évolution de ses symptômes dans le temps et le vécu des patients qui en sont atteints. Le Gouvernement a lancé une feuille de route1 dédiée à la prise en charge des Covid longs en mars dernier, afin de faciliter le diagnostic et la prise en charge rapide de cet état chronique par les professionnels de santé.
Sommaire :
Le Covid long, qu’est-ce que c’est ?
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé2, le « Covid long » (ou état post-Covid) est caractérisé par la présence de symptômes qui perdurent plus de trois mois après une infection aiguë à Sars-CoV2. Dès la fin de la première vague épidémique en mai 2020, la persistance des symptômes plusieurs semaines ou mois après les premières manifestations a été observée chez plus de 20% des patients après cinq semaines et plus, et chez plus de 10% des patients après trois mois. Ces symptômes prolongés peuvent toucher les adultes, les adolescents et plus rarement les enfants. Les facteurs de risques identifiés à ce jour par la communauté scientifique sont l’hospitalisation ainsi que le cumul lors de l’épisode initial de la maladie d’un grand nombre de symptômes.
Des symptômes persistants ayant des répercussions négatives sur la vie des patients
Pour Olivier Véran, ministre de la Santé et des Solidarités : « Le Covid long est un phénomène complexe et déroutant. Complexe dans sa définition, dans sa physiopathologie, complexe à décrire tellement ses expressions cliniques sont variables. Déroutant par sa fluctuation dans le temps qui le caractérise ; déroutant pour les patients mais aussi pour les soignants. »3
Selon une récente étude française de l’APHP et de l’université Paris Cité parue le 5 avril dernier, 85% des personnes atteintes d’un Covid long ont encore des symptômes un an après leur apparition4. Cette étude inédite, « la première à décrire la dynamique jour après jour des symptômes du covid », révèle que les symptômes sont très nombreux et que leur évolution est fluctuante au fil des mois : si la moitié des symptômes (27 sur 53) comme la toux, les troubles de l’odorat et du goût diminuent progressivement dans le temps, la fatigue fait partie des 18 symptômes qui ne diminuent pas au cours du temps, et au contraire 8 symptômes empirent au fur et à mesure, comme la perte de cheveux.
Autre enseignement : l’impact perçu sur la vie des patients s’aggrave dans le temps, la maladie devenant plus pesante : « un an après le début des symptômes, 60% des patients rapportaient un impact très important de la maladie sur leur vie personnelle, professionnelle et sociale ». Le ressenti des patients interrogés suit une courbe en U : dans un premier temps, la part reportant un état « inacceptable » diminue et s’accompagne d’un recul des symptômes liés aux séquelles de la maladie, puis elle augmente avec l’apparition de l’état « chronique », voire de nouveaux symptômes. La maladie peut ainsi représenter une vraie rupture dans le parcours des individus.
Comment faciliter la détection et la prise en charge du Covid long ?
- Une feuille de route gouvernementale
En mars 2022, le Gouvernement a lancé une feuille de route sur le Covid long comprenant trois axes : améliorer la prise en charge des Covid longs, accroître les connaissances sur la maladie, développer l’information sur le Covid long auprès de la population et des professionnels de santé.
Principal levier : la structuration d’un réseau de prise en charge sur l’ensemble du territoire, afin que chaque patient présentant des symptômes persistants puisse trouver à proximité de chez lui une solution adaptée à sa situation, évitant ainsi l’errance médicale, les examens inutiles et des soins non pertinents. L’enjeu est également d’identifier et d’exclure certaines situations d’urgence afin de démarrer dès que possible les traitements adaptés aux Covid longs.
- Détecter et accompagner les patients présentant des symptômes prolongés de la Covid 19
La Haute Autorité de santé préconise « une démarche pragmatique, rationnelle et scientifique de prise en charge de ces patients, dans le cadre d’une décision médicale partagée, pouvant être multidisciplinaire est nécessaire ». Une prise en charge globale et un bon suivi donnent un maximum de chances de récupération.
Afin d’identifier plus rapidement les symptômes du Covid long et de faciliter la prise en charge des patients par les professionnels de santé, la Haute Autorité de Santé met à disposition des fiches thématiques, par exemple sur les douleurs thoraciques, lésions cutanées, symptômes digestifs, troubles somatiques fonctionnels etc. Face à une pathologie récente, la priorité va en effet à la prise en charge optimale de patients souvent inquiets après plusieurs mois de symptômes inexpliqués.
Pour aller plus loin :
1Mieux comprendre et prendre en charge le Covid long | Gouvernement.fr
2 Maladie à coronavirus (COVID-19) : affection post-COVID-19 (who.int)
3 Mieux comprendre et prendre en charge le Covid long | Gouvernement.fr
4ComPaRe Covid long : combien de temps dure le Covid long ? | APHP
