Étude exclusive sur les Français, le « système de santé de l’évolution de la profession infirmière » : 85% de Français sont favorables à une meilleure reconnaissance et un élargissement des compétences des infirmiers pour améliorer l’accès aux soins
Avec 7 millions de Français sans médecin traitant, des services des urgences régulièrement submergés…l’accès aux soins est devenu un enjeu majeur et il figure parmi les principales préoccupations des Français. Dans ce contexte de crise de notre système de santé, le Premier ministre a annoncé le 1er octobre dernier, lors de sa déclaration de politique générale, sa volonté de porter une grande loi dite « infirmière, infirmier » permettant de renforcer le rôle et les compétences de la profession infirmière. En effet, les 640 000 infirmières et infirmiers, première profession de santé par le nombre et présents sur l’ensemble du territoire, jouent un rôle essentiel auprès des patients. Annoncée à plusieurs reprises, l’évolution de la profession, est aujourd’hui une priorité pour répondre à l’enjeu de l’accès de soins et elle est largement attendue par les infirmiers eux-mêmes et par les patients. Afin d’objectiver et d’éclairer les termes du débat, l’Ordre National des Infirmiers a réalisé, avec le cabinet ELABE, une étude sur la perception des Français sur l’évolution de la profession infirmière, étude dont il publie aujourd’hui les résultats.
Pour Sylvaine Mazière-Tauran, Présidente de l’Ordre National des Infirmiers « L’étude que l’Ordre National des Infirmiers a réalisée montre clairement que les Français sont inquiets face à la capacité de notre système de santé à les soigner. Aussi, ils font confiance aux infirmières et aux infirmiers pour améliorer l’accès aux soins et ils sont favorables à ce que leur rôle soit renforcé. Dans ce contexte, l’Ordre National des Infirmiers sera vigilant à ce que la loi « infirmière – infirmier » annoncée par le Premier ministre puisse être présentée prochainement au Parlement et à ce qu’elle porte des mesures fortes en matière de soins relationnels, de coordination des parcours de soins, de prévention, et de formation des futures générations d’infirmiers. »
Chiffres clefs de l’étude d’opinion sur les Français, le système de soin et l’évolution de la profession infirmière :
- 90% des Français sont inquiets en ce qui concerne la capacité de notre système de santé à les soigner correctement. 44% sont déjà inquiets ; 46% (et 59% des jeunes !) craignent une dégradation.
- 86% des Français estiment que le rôle des infirmiers auprès des patients ou de leurs proches n’est pas suffisamment reconnu.
- 85% des Français estiment que renforcer le rôle des infirmiers serait utile pour améliorer la prise en charge des patients.
- 83% des Français font confiance aux infirmiers pour exercer de nouvelles missions et jouer un rôle plus important auprès des patients.
Synthèse détaillée de l’étude
Le 1er octobre, dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre Michel Barnier rappelait que la santé est au cœur des préoccupations des Français. En effet, 9 Français sur 10 interrogés par Elabe pour l’Ordre National des Infirmiers à la fin du mois de septembre 2024 se disent inquiets quant à la capacité de notre système de santé à les soigner correctement en cas de problème de santé, dès à présent ou à l’avenir. 44% sont d’ores et déjà inquiets, et 46% déclarent ne pas être inquiets aujourd’hui mais craindre une dégradation de notre système de santé. Une crainte particulièrement vive chez les jeunes : 59% des 18-24 ans disent la partager !
Premier moteur de cette inquiétude, les difficultés d’accès aux professionnels ou services de santé sont citées par 80% des Français – et par 88% des habitants de communes rurales ou de villes moyennes. Parmi les professionnels cités, l’accès aux médecins spécialistes apparaît comme étant particulièrement dégradé. Dans le même temps, 39% des Français citent encore le coût trop élevé des soins comme une difficulté rencontrée en tant que patient.
Cela dessine le portrait d’une France qui porte un regard très divisé sur la couverture de soins de proximité. 58% seulement des Français l’estime satisfaisante, dont 10% très satisfaisante et 48% plutôt satisfaisante ; et 42% estiment que la couverture de soins dans le territoire où ils habitent n’est pas satisfaisante. Cette perception de la couverture de soins apparaît par ailleurs comme étant un nouveau marqueur de clivage socio-économique : 68% des cadres, 68% des habitants de métropoles et de Paris, et jusqu’à 75% des Français qui bouclent facilement leurs fins de mois estiment la couverture de soins dans le territoire où ils habitent satisfaisante. A l’inverse, la proportion d’insatisfaits s’élève à 54% dans les communes rurales, à 50% dans les petites villes (2 000-20 000 habitants), et à 54% chez les Français dont la situation financière est tendue, contre 42% en moyenne.
Dans ce contexte difficile pour le système de santé, Les Français partagent très largement une image positive du rôle joué par les infirmières et les infirmiers dans notre système de santé – et notamment les personnes âgées, plus régulièrement en contact avec cette profession que les jeunes :
- 88% des Français – et 95% des 65 ans et plus – estiment que les infirmiers jouent un rôle de proximité important, auprès des patients et/ou de leurs proches ;
- 86% que les infirmiers ne sont pas assez reconnus par rapport au rôle qu’ils jouent auprès des patients et/ou de leurs proches – et 92% des 65 ans et plus ;
- 80% que la diversité des exercices et des spécialités infirmières permet aux infirmiers d’accompagner les Français tout au long de leur vie – et 85% des 65 ans et plus.
Enfin, et alors que les déserts médicaux sont au cœur des débats, 60% des Français estiment que les infirmiers sont présents partout en France, y compris dans les déserts médicaux – une proportion qui atteint 70% des répondants dans les communes rurales.
Au-delà de la perception globale de la profession infirmière par les Français, l’utilité d’un renforcement du rôle des infirmiers pour améliorer l’accès aux soins et la prise en charge des patients fait consensus. Ce renforcement, qui a progressé récemment avec les lois Rist et Valletoux, est soutenu par 85% de la population ; par ailleurs, l’utilité du renforcement de la collaboration entre médecins et infirmiers au service des patients est une conviction partagée par la vaste majorité des Français (89%).
Plus avant, et après l’annonce par le Premier ministre d’une future loi « infirmières, infirmiers » reconnaissant leur expertise et leurs compétences et élargissant leur rôle dans la prise en charge des patients, 83% des Français font confiance aux infirmiers et aux infirmières pour assumer ces fonctions élargies.
Les Français attendent en priorité à cet égard que soit élargi l’accès direct aux infirmiers et à une consultation infirmière (64%); que les infirmiers puissent assumer davantage de responsabilité dans la prise en charge des patients, notamment quand ces derniers n’ont pas de médecin traitant (61%) ; ou encore qu’une plus grande autonomie soit accordée aux professionnels de santé pour organiser les soins dans la proximité (54%), en confiant le cas échéant davantage de missions aux infirmiers si cela permet d’améliorer la prise en charge des patients.
Méthodologie
Etude ELABE pour l’Ordre National des Infirmiers réalisée du 23 au 25 septembre 2024 à partir d’un échantillon de 1001 personnes représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon est assurée selon la méthode des quotas, appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, catégorie d’agglomération et région de résidence. Interrogation par internet (ordinateur, tablette, smartphone)