Covid-19 : Les infirmiers, vigies vis-à-vis des fausses informations santé
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27 avril 2020
L’Ordre National des Infirmiers souhaite alerter les infirmières et infirmiers sur des informations dangereuses actuellement en circulation à propos du rôle que jouerait la nicotine sur le covid19. Les infirmiers sont de bons relais d’information santé auprès de leurs patients. Véritables vigies, ils doivent impérativement les avertir des risques liés à ces fausses informations.
Les hypothèses d’un éventuel effet protecteur du tabac
En effet, en ce temps de crise sanitaire et d’inquiétude générale il est important de raison garder. Plus que jamais il est nécessaire de prendre avec précaution certaines informations. On entend de nombreux messages contradictoires, qui peuvent se révéler perturbants à l’heure où l’on peut être en quête de remèdes faciles à mettre en œuvre.
Le dernier en date serait que la nicotine aurait un effet protecteur contre le Cov-2 suite au constat sur des cohortes de patients malades avec dans leurs rangs moins de patients fumeurs en réanimation. Il en est déduit hâtivement que les fumeurs quotidiens auraient une probabilité beaucoup plus faible de développer une infection symptomatique ou grave par le SARS-CoV-2 par rapport à la population générale.
Les informations délivrées par l’Académie de médecine
Dans un communiqué L’Académie de médecine a rappelé que : « Le tabac cause chaque année en France 75.000 décès, […] sans compter les nombreux handicaps et maladies chroniques affectant des millions consommateurs. Avec […]13 millions de fumeurs de tabac et un million et demi d’adeptes du cannabis, la France compte parmi les pays européens les plus exposés aux risques d’aggravation liés au confinement.
La cohabitation forcée dans un espace domiciliaire exigu expose au tabagisme passif qui fait chaque année 880.000 victimes dans le monde dont 3.000 en France. L’altération pulmonaire préexistante du fumeur le rend plus vulnérable à l’agression par le Sars-CoV-2 [1]. En cas d’infection déclarée, toute consommation de produits inhalés (tabac, cannabis, cocaïne…) semble augmenter le risque de forme sévère ».
L’Académie précise qu’il ne faut pas : « attendre du tabac un hypothétique effet protecteur contre le Covid-19, mais de considérer les risques bien réels liés à sa consommation en zone confinée, pour le fumeur lui-même, et autour de lui, pour les enfants, les femmes enceintes, les malades et les personnes âgées. ».
Pour en savoir plus :
Rappel du Code de déontologie
Respect de l’intérêt du patient et du cadre d’exercice « Art. R. 4312-10. »
« – L’infirmier agit en toutes circonstances dans l’intérêt du patient. « Ses soins sont consciencieux, attentifs et fondés sur les données acquises de la science. Il y consacre le temps nécessaire en s’aidant, dans toute la mesure du possible, des méthodes scientifiques et professionnelles les mieux adaptées. Il sollicite, s’il y a lieu, les concours appropriés. Il ne doit pas, sauf circonstances exceptionnelles, entreprendre ou poursuivre des soins dans des domaines qui dépassent ses connaissances, son expérience, ses compétences ou les moyens dont il dispose. L’infirmier ne peut pas conseiller et proposer au patient ou à son entourage, comme salutaire ou sans danger, un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé. Toute pratique de charlatanisme est interdite. »
Information du patient « Art. R. 4312-13. »
« – L’infirmier met en œuvre le droit de toute personne d’être informée sur son état de santé dans le respect de ses compétences professionnelles. Cette information est relative aux soins, moyens et techniques mis en œuvre, à propos desquels l’infirmier donne tous les conseils utiles.
Elle incombe à l’infirmier dans le cadre de ses compétences telles que déterminées aux articles L. 4311-1 et R. 4311-1 et suivants. Dans le cas où une demande d’information dépasse son champ de compétences, l’infirmier invite le patient à solliciter l’information auprès du professionnel légalement compétent. L’information donnée par l’infirmier est loyale, adaptée et intelligible. Il tient compte de la personnalité du patient et veille à la compréhension des informations communiquées. Seules l’urgence ou l’impossibilité peuvent dispenser l’infirmier de son devoir d’information. La volonté de la personne de ne pas être informée doit être respectée. »
Le droit de prescription des substituts nicotiniques
La loi du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé a élargi le droit de prescription des infirmiers aux substituts nicotiniques. Tous les infirmiers salariés ou libéraux peuvent prescrire. Certains infirmiers peuvent toutefois avoir des réticences, ne connaissant pas bien ces produits.
Plus d’informations sur le droit de prescription des substituts nicotiniques : https://www.ordre-infirmiers.fr/actu/novembre-mois-sans-tabac.html
La Haute Autorité de santé (HAS) recommande en premier lieu un accompagnement par un professionnel de santé : « La prise en charge du sevrage tabagique comporte un accompagnement par un professionnel de santé, permettant un soutien psychologique, et un traitement médicamenteux si nécessaire. » Un fumeur accompagné par un professionnel de santé pour arrêter de fumer a davantage de chances de réussir que seul.